dimanche 31 juillet 2011

« Mystère à Cavaillon »


- En même temps, c’est à cette époque que vous avez rencontré Gaël…
- Oui : je l’avais remarquée à Orange où, durant « Les Chorégies », elle jouait dans Nabucco. Je lui donnai rendez-vous dans un café, à Carpentras.
- Carpentras ? Quelle horreur !
- Il y a pourtant deux excellents pâtissiers : Jouvaud et Gazotti. Nous prîmes un café et ses manières me ravirent : « Oooh, comme vous avez de jolies mains et avec quelle élégance vous portez cette tasse à vos lèvres… Car je voulais éviter certaines erreurs. Comme celle qui consiste à laisser une modèle tenir sa cigarette comme l’eût fait Humphrey Bogart…
- Et alors ?
- Vous devriez le savoir mieux que quiconque : je suis le genre de garçon qui préfère plus de féminité dans la gestuelle ! Et le plus simple, c'était encore de choisir une inspiratrice qui possédait naturellement les manières rares et délicates à ma convenance... Ma première collaboration avec Gaël se déroula à Cavaillon.
- Oh ! La Colline Saint Jacques : elle est très ressemblante…
- N’est-ce pas ? C’est la Médiathèque qui avait organisé quelques journées, semaines même, consacrées au Roman Noir : « Mystère à Cavaillon », ça s’appelait…
- Une histoire d’empoisonneuse ?
- Oui. Encore qu'au départ, je voulais mettre en scène une grande bibliothèque.
- Pour une Médiathèque, c'était de circonstance.
- Quelque chose qui évoquait en fait une phrase que vous m’aviez fait lire et qui me hantait: « Quelque désir qu'aient les hommes de n'importe quel bien terrestre, il peut être complètement assouvi jusqu'à se transformer en dégoût. Excepté le désir d'acquérir un grand savoir, ce dont jamais personne ne se dégoûte... »
- Aie ! Mais vous n’avez pas présenté le projet ainsi ?
- Bien sûr que non ! Je leur ai raconté une histoire très simple, celle d’un empoisonnement commis par l’entremise de la spécialité locale…
- Le Melon de Cavaillon, bien sûr ! Cette représentation ne pouvait que plaire à ses commanditaires, charmés par cette délicate attention concernant leur beau patrimoine.
- Mais ce fruit gorgé de soleil ne pouvait être la cause directe du décès.
- A moins de vouloir ruiner l’économie du coin avec la cohorte de drames sociaux qui toujours l'accompagne.
- D’où l’idée du Porto, un coupable dont nul ne pourrait se plaindre !

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