mercredi 28 septembre 2011


- Mon Dieu ! Je ne me souvenais pas que vous étiez à ce point dépourvu de scrupules !
- Que voulez-vous dire ?
- C’est tout de même ma sœur que vous avez ainsi représentée.
- Je crains qu’elle se soit volontiers prêtée au jeu et que cette mimique terrifiée doive beaucoup plus à ses talents d’actrice qu’à mon imagination ou à mes talents de dessinateur !
- C’est curieux la vie : à cette époque vous arriviez à convaincre à peu près n’importe qui de se prêter à n’importe quoi.
- Vous exagérez: c'était une aventure du flamboyant Sir Stanley Merrivale, tout de même. L'histoire se passait au « Royal Albert Zoological Garden » où un serpent particulièrement venimeux s'échappait de sa cage en verre...
- Remarquez, vous avez bien fait d'en profiter: aucun éditeur ne publierait aujourd'hui un livre avec, en couverture, des personnages échappés du « Grand Guignol » ou de la revue « Détective »...
- Détrompez-vous: plusieurs éditeurs m'ont confié vouloir refaire des collections avec cet état d'esprit.
- Ils se seront dit qu'en vous entretenant de telles chimères, ils se débarrasseraient ainsi aisément de vous. Vous souvenez-vous de cette scène dans « Les Cigares du Pharaon »... Page 42, le jeune reporter doit amener deux fous à l’asile avec une lettre de recommandation du docteur Finney. Le Réducteur en chef le reçoit chaleureusement, lit le courrier et appelle les infirmiers : « Occupez-vous de ces deux messieurs ». Puis, se tournant vers Tintin, il lui dit : « Voulez-vous m’accompagner pour les formalités d’usage ?... Voyez, c’est dans une cellule pareille que vos pauvres amis seront soignés ». Tintin s’avance pour constater et la porte se referme derrière lui ! Le Shrink lit alors à haute voix la missive du docteur Finney: « Il vous remettra lui-même cette lettre en déclarant que ses deux compagnons sont fous à lier. Prenez garde : c’est un sujet très dangereux, aussi faites-le entrer dans sa cellule par la ruse plutôt que par le force !... »

mardi 27 septembre 2011


Hitchcock démasque...
- Laissez-moi deviner... Ouille!

- Une autre couverture pour « Hitchcock démasque... »
- Et il démasque quoi ?
- « Un coup de chaleur ».
- Une fois de plus, la situation m'échappe.
- Vous exagérez!
- Je vous assure.
- Soit, je vous explique en deux mots... La crème que cette jeune femme s'apprête à passer sur le dos de son « boy-friend » a des vertus rigoureusement contraires à celles d'une crème solaire et protectrice.
- Ooooh! Je vois: au bout d'un moment, il va ressembler à un steak cuit à cœur ?
- Exactement.
- Et c'est donc la raison pour laquelle elle porte elle-même des gants... Mais ne trouve-t-il pas ça bizarre ?
- Quoi donc ?
- Qu'elle ait mis des gants en vinyle, bien sûr!
- Vous êtes trop raisonneuse.

- Et pensez-vous, mon ami, que ce repentir vous fera pardonner tous les sévices que vous m’avez infligés en tant que modèle ? J’ai beau réfléchir, je ne dois pas avoir échappé à une seule façon d’être occise.
- C’est même le titre de la somme sur laquelle je me penche. Mais vous n'avez pas affaire à un ingrat: c’est vous que j’ai représentée sur la couverture !
- Comme c’est chou ! Votre conscience ne vous tourmente-t-elle donc jamais ?
- Bien entendu ! Et ainsi je bats ma coulpe: « Mon péché est si grand et ma faute si grande, qu’une mer éternelle je demande à mes yeux, pour pleurer les péchés que j’ai faits ».
- Balivernes! Bossuet nous éclaire sur les gens de votre espèce qui « s’ils semblent détester leur péché, ils ne cessent pas pour autant d’en aimer l’objet et d’en entretenir les occasions »... Elle est bien jeune, votre modèle…
- Beaucoup trop, n’est-ce pas ? Les jeunes filles n’ont rien vu et cela se lit dans leur regard. Dans une des nouvelles de ce Livre de Poche, le père Alfred démasquait « un plat qui se mange froid », une salade d'annamites sans doute.
- D'amanites, voulez-vous dire, espèce de cannibale !

- A un moment, toutes mes héroïnes sentent le courage leur manquer. Alors laisseront-elles un « je n’ose pas » suivre un « je voudrais » ? « Pas question ! - Qu’elles se motivent - Chevillons notre courage au cran d’arrêt et invoquons les esprits qui assistent les pensées meurtrières : De la tête aux pieds, emplissez moi de la plus atroce cruauté. Venez donc à mon sein de femme vous abreuver de mon lait changé en fiel ! »
- Ah ! Je reconnais bien là Lady Macbeth… C’est un peu Gaël qui vous a conduit à ce personnage de femme qui refuse de subir et, du coup, prend les devants.
- Je ne me souviens plus très bien pourquoi mais c’est la vérité. Avait-elle joué sur les planches ce personnage tellement extraordinaire ? Peut-être…
- En tous cas un dessin pour ce magazine au format improbable et à la diffusion tellement confidentielle : quelle en était la situation ?
- Je me disais qu’avec un otage arborant une tête pareille (la mienne !), la demande de rançon avait très peu de chance d'aboutir favorablement pour la kidnappeuse…
- Je crains que cela n’amuse que vous-même.

dimanche 25 septembre 2011


« La Piste aux Étoiles »
- Je me souviens…
- Tiens donc !
- C’était une émission du temps où j’étais gamin…
- Le siècle dernier!
- La télévision s’appelait alors la RTF.
- La « Radio Télévision Françaises » pour les plus jeunes car vous ne vous adressez pas qu’à des centenaires ! « La Piste aux Étoiles » était présentée, de mémoire, par un monsieur LOYAL qui trimballait une de ces paires de valises sous les yeux…
- C’est très désagréable, comme réflexion.
- Que voulez-vous: il me faisait peur, monsieur LOYAL !
- Remarquez, je vous comprends un peu car moi, ma hantise, c’étaient les clowns.
- Chacun ses petites phobies.
- Encore que ceux de « La Piste aux Étoiles » n’étaient rien, sur l’échelle de Richter de la terreur enfantine, en comparaison de ceux du jeudi après-midi ! Au point que, si j’étais devenu PRODUCTEUR de cinéma (c’est une supposition), la première chose que je demanderais quand on m’amènerait un script, ce serait : « Il n’y a pas pas de clowns, au moins, dans votre histoire ?... Non ? Tant mieux car je ne produit pas des films qui font peur aux enfants ! »
- Vous vous égarez. Dites-moi plutôt ce qui va arriver à cette jeune femme.
- Un accident du travail !

- « TOUTES BLESSENT, LA DERNIÈRE TUE ». Ce sont bien sûr des heures dont il est question !
- Pour ce roman dont un des titres de travail avait été, je crois, « Le Sablier », il n’y a pas de situation dite de SUSPENSE représentée. Je joue simplement sur l’ambigüité de cette maxime face à cette jeune femme. Conseille-t-elle au lecteur:
« Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain:
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. »
- Bref le vieux truc d’Ovide : « Songez dès aujourd’hui à la vieillesse qui va venir; ainsi aucune heure ne sera perdue pour vous. Tant que vous le pouvez, tant que vous êtes encore dans votre printemps, livrez-vous a l’amour; elles s’en vont, les années, telle une eau qui s’écoule; l’onde qui vient de passer ne reviendra pas en arrière; l’heure qui vient de passer, rien ne la fera revenir. Il faut jouir de son âge; il fuit d’un pied rapide et l’âge qui s’en vient n’est jamais aussi heureux que celui qui s’en va. Ces tiges fanées ont été, je l’ai vu, des violettes; cette épine m’a donné de quoi tresser d’adorables couronnes. Un jour viendra où toi, qui chasses tes soupirants, tu reposeras froide et vieille dans la nuit solitaire; ta porte ne sera pas brisée lors d’une rixe nocturne et tu ne trouveras pas au matin ton seuil tout jonché de roses. »

- Par contre, et si « Scène de Crime » est un périodique inventé de toutes pièces, « Détective » existe bien. N’avait-il pas été question, à un moment, que vous en fassiez la « UNE » ?
- Je crois. Mais cela me gênait beaucoup.
- Pas assez chic pour vous ?
- Du tout ! Des problèmes existentiels ou, ce qui est pire pour un artiste, d'ordre moral. Ma conscience se défendait à l’idée de représenter des drames véritables. Moi, je fais du théâtre où j'écris de petites comédies. Mais le mieux, c’est que je donne un exemple concret. A un moment, j’ai réalisé quelques dessins pour une revue dont le directeur artistique était tellement bien élevé et disait tellement de choses agréables sur mon job, que j’ai fini par céder. Imaginez-vous que je me suis retrouvé confronté à la représentation de l’« Affaire Georges B* », assassiné devant son immeuble. Situation impossible : comment ne pas blesser sa famille en illustrant ce meurtre ? C'était la réalité. Non ! Non ! Moi, je dessine des situations imaginaires où la supposée victime semble toujours dire : « Lecteur, t’inquiétes pas pour moi : tout ça, c’est du cinéma et personne ne meure vraiment. D’ailleurs ai-je l’air effrayée par ce dingo qui me dit : " Suis-moi, fillette : je te montrerai mon Opinel ! " Bien au contraire, elle gazouille: « Oups! C'est ballot: v'là que mon trench-coat glisse tout seul sur mon épaule »!
- Pourtant, « Le nouveau DETECTIVE » utilisa un ou deux dessins de vous. Entre autres pour: « JEUX DANGEREUX A LA FERME ».
- « Il s’en passait de sévères, le soir, derrière les volets clos !... » Promettait la manchette. Là, et pour reprendre une formule devenue tristement célèbre : « Y’a pas mort d’homme ! »

" I figure she isn't out collecting for the Red Cross ! "


- J’ai passé une partie de ma carrière à ne distribuer aux jeunes femmes que des rôles de « damzelle in distress » et, à un moment, je me suis dit qu’il convenait d’équilibrer les plateaux de la balance. Ainsi naquirent mes « vengeresses ». Celle-ci puise les sources de son inspiration dans « Dirty Harry » ou du moins dans le sens perverti qu'a ce dernier de la politique:
Harry Callahan: Well, when an adult male is chasing a female with intent to commit rape, I shoot the bastard. That's my policy.
The Mayor: Attempt, how did you establish that?
Harry Callahan: When a naked man is chasing a woman through an alley with a butcher's knife and a hard-on, I figure he isn't out collecting for the Red Cross!
- Précisons qu'il s'agit de cinéma et que les répliques ne sont pas destinées à être prises au pied de la lettre...

dimanche 18 septembre 2011


- Qu'est-ce que l'honorable Sir Arthur Conan Doyle vient faire dans cette histoire abracadabrante ? - Demanda-t-elle - Aurais-tu totalement perdu la raison?...
- Pas du tout ! Et je te le prouve… En 1891, Conan Doyle est devenu célèbre grâce aux aventures du locataire de Baker Street. Mais il est hanté par la crainte que le personnage de Sherlock Holmes, du fait de son incroyable succès populaire, n'éclipse toutes ses autres créations. Il décide donc de supprimer purement et simplement le détective morphinomane. Il commence ainsi Le Dernier Problème : « C'est le cœur lourd que je reprends la plume une dernière fois afin de consigner à jamais les dons remarquables qui ont fait de mon ami M. Sherlock Holmes un être hors du commun… »
Au terme d’un combat singulier avec le professeur Moriarty, Holmes disparait dans les chutes du Reichenbach. Un coin en Suisse, je crois… C’est cette histoire qui m’a donné l’idée de mettre en scène un auteur passablement agité du bocal et qui, las d’une création romanesque qui bouche son horizon, décide de la biffer. Naturellement la faire périr dans les pages d’un album était un peu facile et il décide de pénétrer dans son propre univers afin de procéder lui-même, et de ses mains, à cette élimination…
- Pauvre fada! Mais ne serait-ce pas encore, et justement, une représentation du détective de Baker Street ?
- Si fait ! « Le Musée de L’Holmes », de Jacques Baudou et Paul Gayot…

Il se poursuivait ainsi:
« Lui, il est un spécialiste de la représentation de la mort violente, du crime organisé et de la délinquance artisanale. Une partie de la faute en revient à ce que, au début des années 1970, de nouvelles revues se créèrent dans la mouvance de l'underground et de la contre-culture. Des contingences économiques rendaient la couleur tout simplement inaccessible. C'est ainsi qu'il créa des images en noir et blanc et, par extension, des ambiances ou des références évoquant le film noir. Lui, Claeys, c'était plutôt un sentimental… Il se serait vu œuvrer dans la continuité d'un Edmund Dulac ou d'un Arthur Rackam. Bref un doux rêveur, un créateur d'univers magiques et enchantés, peuplés de fées, d'elfes et autres farfadets ! Un sort contraire en a décidé tout autrement : Fatalitas ! »
Dans ce film, il y avait une des rares bonnes idées que tu aies jamais conçue: « Mais que la vérité soit rétablie : La vraie coupable, c'est Miss Plunkett : un personnage que Claeys avait crée mais qui, rapidement, avait pris ses distances avec son démiurge, contestant ouvertement les rôles et les actions que l’auteur lui prêtait. Finalement, elle réclama son libre-arbitre pour s'émanciper complètement! A-t-on jamais constaté une telle arrogance de la part d’un personnage, demandait Claeys? Bien sûr que non ! Ah ! Elle méritait une leçon, et une des plus sévères ! Mais comment la lui infliger, vous demandez-vous ? Rien de plus simple: il suffisait à l’auteur de traquer la fâcheuse et de la liquider…
- C'est Arthur Conan Doyle lui-même, un vieux copain, qui m'a soufflé cette idée!
- Aurais-tu totalement perdu la raison?

- Oh ! Je me souviens de cet autre et d’une aventure qui vous arriva.
L’éditeur. Vous avez perdu l’esprit : vous ne pouvez pas représenter Patrick Poivre d’Arvor ainsi !
L’auteur. Qui ?
L’éditeur. Poivre d’Arvor: le grand écrivain que nous éditons par ailleurs et qui, à ses heures perdues, présente « La Grande Messe du 20 heures ».
L’auteur. Je ne regarde pas la télévision.
L’éditeur. Ah ? Vous ignorez donc qu’il a maille à partir avec la justice et que le représenter ainsi, derrière les barreaux, c’est bafouer la présomption d’innocence !
L’auteur. Mais puisque je vous dis que je ne connais pas ce type. A vrai dire, le modèle, c'est mon voisin à Lagnes.
L’éditeur. C’est un sosie saisissant : je reconnais cette habitude qu'il a de poser ainsi les mains sur son visage ! Couverture refusée : nous ne pouvons prendre le risque de déplaire à notre auteur, vous le comprenez bien.
L’auteur (lâchement). Naturellement !
- Cette illustration fut réalisée pour un roman de Noëlle Loriot (qu’elle me pardonne) et intitulé « L’Inculpé ». Poivre d’Arvor dans le rôle de l’Inculpé, ça marquait mal: je reconnais. Sauf que le voisin posa pour des dizaines d'autres couvertures sans que quiconque ne lui trouve la moindre ressemblance avec notre présentateur. Il suffit d’une fois ! J'ai refait un dessin et j'en ai été bien récompensé puisque l'on m'a refilé ensuite une centaine de jaquettes pour cette collection. Quinze années ont passées et je ne sais toujours pas qui est Patrick Poivre d'Arvor ni si le voisin de Lagnes lui ressemblait vraiment.

samedi 17 septembre 2011


- Et elle répond, la Marquise: « N’en espérez aucun plaisir. Réservée au sein même du plaisir, elle ne vous offrira que des demi-jouissances. Cet entier abandon de soi-même, ce délire de la volupté où le plaisir s’épure par son excès, ces biens de l’Amour, ne sont pas connus d’elle. Je vous le prédis ; dans la plus heureuse supposition, votre Présidente croira avoir tout fait pour vous en vous traitant comme son mari ! » Oooh! Mais n’est-ce pas ce garçon avec qui vous partagiez la même admiration pour l’école américaine ? Celui a qui vous aviez donné le rôle de « Raven » ?
- Celui-là même ! Dans « Paris-Fripon », il avait un double emploi : celui de parfaits sosies…
- Qu’est-il devenu ?
- On m’a rapporté qu’il était devenu très riche en tant que « roughman » ou que « storyborder » et qu’il s’était ainsi acheté un château dans le Périgord pour y vivre tel le gentleman-farmer qu’il avait toujours rêvé d’être.
- C’est très singulier : je tape son nom sur « Google » et je ne trouve aucune occurrence. Bref, j’en déduis qu’il a fait fortune dans l’ombre tandis que, de votre côté et sous les feux des projecteurs, vous épousiez l’école de Léautaud !
- J’ai beaucoup plus d’imagination que ce vieux fou. Chaque soir de son existence, il a mangé quatre pommes de terre à l’eau. Moi, je varie avec du riz et avec des pâtes !
- Sur ce dessin, on peut constater qu’à cette époque, vous saviez rentabiliser vos séances de poses; vous abusiez même de moi! Car, outre la représentation de quatre strip-teaseuses, vous aviez illustré ce roman de Frédéric Fajardie : « Mort d’un Lapin Urbain »

- Je me souviens encore des champs de fleurs qui nous avaient fait choisir cette maison à Pernes les Fontaines...
- Et in Arcadia Ego! Hélas, l'année suivante, le brave homme qui nous loua cette première maison fit prospérer des citrouilles!
- Et qui n'a pas profité des effluves d'une citrouille abandonnée après la récolte n'a pas idée de ce qu'est la pestilence! Mais n'aviez-vous pas fait le portrait du propriétaire?
- Oui! Je me souviens! Attendez... Voilà, je l'ai retrouvé...
- C'est qu'il rendait rudement bien...
- Vous trouvez?
- Je vous assure! Avec ce visage marqué, buriné, par le soleil et l'invraisemblable dureté du travail! de la terre...
- Hum... Si j'osais, j'aimerais vous demander...
- Osez, mon ami, osez!
- Voilà. Vous vous souvenez de ce bon vieux Valmont?
- Naturellement! Comment va-t-il ?
- Pas très bien: il a du mal à digérer un mauvais coup d'épée! Auparavant, il écrivait ceci à sa copine, l'effroyable de Merteuil : « Que me proposez-vous ? De séduire une jeune fille qui n’a rien vu, ne connaît rien ; qui, pour ainsi dire, me serait livrée sans défense ; qu’un premier hommage ne manquera pas d’enivrer et que la curiosité mènera peut-être plus vite que l’Amour. Vingt autres peuvent y réussir comme moi. Il n’en est pas ainsi de l’entreprise qui m’occupe et son succès m’assure autant de gloire que de plaisir. Vous connaissez la Présidente Tourvel, sa dévotion, son amour conjugal, ses principes austères. Voilà ce que j’attaque ; voilà l’ennemi digne de moi ; voilà le but où je prétends atteindre : sachez-le, je n’ai point l’intention de briser aucun de ses préjugés antiques, je veux qu’elle se cramponne à son dieu, à la vertu et à la sainteté du mariage, tout en étant incapable de dominer son cœur. Je veux goûter le suprême bonheur de la voir trahir tout ce qui est le plus important à ses yeux… »

jeudi 15 septembre 2011


« Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître
Penser, sans n'être qu'un penseur… »
- Ce poème, aux objectifs résolument inaccessibles, clôt le livre de James Darwen : « Le Chic ANGLAIS ».
- Je vous l’avais offert, de retour d’un voyage à Paris, dédicacé par l’auteur. Savez-vous, mon cher, que « Le Chic ANGLAIS » est désormais un ouvrage introuvable ?
- Oui, je lis: « Le Chic anglais, comme tous les bons ouvrages d’élégance, est en rupture de stock. Le trouver d’occasion est une quête, mais le plaisir est aussi dans la rareté ! ». Et il y a une chose qu'on ne pourra pas me retirer: je possède cet ouvrage introuvable. En parfait état!... Hein, quoi?... Bien sûr que non: il n'est pas à vendre!... N'insistez pas: je suis un homme de conviction. Je vends tout : des baisers ou mon talent, mais pas mes principes...
- Ah ! J’aimerai bien connaitre vos principes ! Mais dites : le col de chemise, ça ne va pas du tout!
- Ta ! Ta ! Ta ! C’est un détail que vous êtes seule à remarquer. De cette époque, j’ai conservé un autre vestige: « VOGUE HOMMES : COSTUMES » de novembre 1990. Cette source de « documentation » se retrouve dans ce qui est un autre hommage cinématographique à Alfred Hitchcock. Je l’avais d’ailleurs appelé: « North by Northwest ». Le personnage arbore une cravate en tous points conforme aux exigences du bon gout selon James Darwen : « Se portent très bien les cravates à pois discrets sur fond bordeaux, bleu foncé ou bleu clair, en été. Les pois sont blancs, leur diamètre ne dépassent JAMAIS deux millimètres et ne sont JAMAIS distants, l’un de l’autre, de plus d’un centimètre… » Autant dire que les cravates larges à gros pois sont des accessoires d’AUGUSTE ! Celle du personnage est d’un rouge assez pétant : concession au bon goût que mister Darwen me pardonnera car il s’agit d’une couverture et qu’elle doit être vue !

- Oh ! Vous vous êtes remis à dresser de petites natures mortes ?
- Non, ceci est très ancien. En fait, un essai avec mon premier appareil numérique : un formidable KODAK d’un million de pixels !
- Je me souviens de l’époque où cette étrange passion vous prit. Vous aviez découvert que vos ancêtres, les Claesz, peignaient à Bruges, votre berceau, ces tableaux que l’on appelait jadis « Vanités ». Ils se présentaient comme un amoncellement d’emblèmes et d’objets dont la possession apparaît vaine. Souvent, un phylactère ou un billet reproduisaient les mots célèbres de l’Ecclésiaste: « Vanitas Vanitatum et Omnia Vanitas ».
- Rien d’aussi alambiqué là-dedans. Une simple mise en scène d’objets fétiches.
- Mais vous n’avez jamais fumé…
- J’ai essayé, de toutes mes forces! Comme chacun et par mimétisme : cependant je ne me souviens plus du pourquoi les « Craven A » ? Elles ne sont porteuses d’aucune mythologie cinématographique particulière comme peuvent l’être les « Lucky Strike ». En fait, mon cœur balançait entre les « Craven A » et les « Benson & Edges » dont le paquet doré était du plus bel effet…
- Et assorti à votre « S.T. Dupont ». Quel gâchis, ce cadeau quand on y songe, pour un être qui décida de se convertir à la religion des non-fumeurs !... Dites, j’y suis pour beaucoup dans cette petite histoire. Je vous offris moi-même le légendaire « Meisterstück », tout comme le livre de James Darwen : « Le Chic Anglais » et dont j’avais arraché, pour vous, une dédicace à l’auteur. Rétrospectivement, je ne demande si c’était une bonne idée : vous étiez déjà bien assez snob comme ça ! Et, j’y pense : « Habit Rouge », c’est encore moi. Par un bel après-midi de printemps, il y a…
- Un certain temps ?
- Voilà ! Je vous amenai dans la boutique Guerlain, en face du « Bon Marché ». Mais vous portez toujours ce parfum: comme c'est touchant! En même temps, je me dis: que seriez-vous sans moi !
- Le poème d'Aragon?
- En quelque sorte!

mercredi 14 septembre 2011



- Vous avez omis de donner le dernier mot de votre petite turlupinade : « Charles pensa que le fait que Honoria ait, quant à elle, de petits seins, n’était peut-être pas étranger à cette théorie. Mais l’expérience lui montrait que c’était le genre de réflexion qu’un homme sage garde pour lui. Enfin s’il espère bénéficier de prestations susceptibles de satisfaire le gentleman exigeant qui sommeille en lui ! »
- Cela n’enlève rien aux théories Hippocrate. De toutes les manières, ce sont avant tout l’esprit et la morale d’une femme qui séduisent un homme de goût.
- Comme l’esprit et la morale de celle-ci, j’imagine ?
- Mademoiselle Elizabeth Mussard ? Dans « La Meilleure Façon de Tuer son Prochain », Charles se rend dans une Maison réputée et la Cerbère lui demande : « Alors, mon prince : on est venu chercher de la distraction ? »
- Je souhaiterais assister à la prestation de Mademoiselle Elizabeth Mussard ou plus simplement Lizzie : tous les gentlemen de la cité ne parlent que d’elle et l’écho de ses talents est parvenu jusqu’à ma tanière !
- Ah, Monsieur : Comme il est agréable d’avoir affaire à un connaisseur ! Suivez-moi donc… Ah, mon cher : savez-vous que la vie de Mlle Mussard relève du sacerdoce. Car, après son service, elle déambule chaque nuit parmi les pavillons Baltard, prêchant parmi les forts des halles et les garçons-bouchers...
- Lesquels sont conquis par l’esprit et la morale de Lizzie ?
- Vous pensez! Mais je n’en dirais pas plus: les amateurs n’ont qu’à acheter l’ALBUM...

- Hippocrate écrivit : « Une particularité anatomique, mieux une vérité physiologique irréfutable, veut que, plus les protubérances mammaires sont développées, plus réduite est la capacité à construire une pensée claire. C'est un fait dont le principe est simple : le sang irrigue tout d'abord les figures de proue, et plus elles sont avantageuses, plus elles réclament une grande quantité de sang. Ce flux parvient de plus en plus difficilement au cerveau car celui se trouve au dernier étage. Bref, c'est la loi de la gravitation universelle énoncée par ce bon vieil Isaac. Insuffisamment irrigué par le flux sanguin, les petites cellules grises deviennent indolentes et la pensée se fige, irrémédiablement ! »
Cette petite comédie divisa, lors de la représentation des « Lieux du Mystères » au théâtre d’Arles, le public féminin en deux factions radicalement opposées : l’une applaudissant, l’autre huant avec indignation.
- C’est très curieux.
- Inexplicable, même. Une petite minorité préféra ne pas se prononcer, se demandant probablement à quelle école elles appartenaient.
- Ou ne sachant trop à quel Saint se vouer ?
- Exactement.

- Dites: vous me mettez à contribution pour combien de rôles et sans vouloir être indiscrète ?
- Trois rôles clés et une petite dizaine de silhouettes !
- Tout de même… Et que dit-elle?
- Elle cite Hippocrate ou, du moins, une théorie que je lui attribue.
- Vous savez que c'est très mal d'accréditer ainsi toutes sortes de déclarations fantaisistes ? Certains lecteurs pourraient vous croire et concevoir de Pline ou d'Aristote la plus sombre opinion...
- Je vous assure que ce vieux fou, je parle d'Aristote, écrivit: « Le vin incite les gens à l’amour et c’est à juste titre qu’on dit que Dionysos et Aphrodite sont liés l’un à l’autre. C’est aussi la raison pour laquelle les hommes sont obsédés par le sexe. Car l’acte sexuel met le vent en cause. La preuve en est le pénis, de petit qu’il est, connaît une extension rapide : c’est qu’il gonfle sous l’effet du vent… »
C'était dans son célèbre ouvrage: « L'Homme de Génie et la Mélancolie »!

mardi 13 septembre 2011


- Oh! Ce dessin: est-il encore en votre possession? Car j'aimerais en faire une bonne reproduction. C'était une de mes tentatives pour représenter autre chose que des types qui se saluent à coups de barre à mine ou qui n'envisagent pas un dialogue sans donner, à un moment, la parole à leurs Colt 45!

Un grand oblique qu'un jeune athlète athénien vous eût envié!


- Ah, non ! Vraiment, vous exagérez !
- « C'est vrai mais mon défaut
C'est d'en faire toujours un peu plus qu'il ne faut!
Aux consignes, toujours, j'ajoute quelque chose
J'aime me battre avec, à l'oreille, une rose!
Je fais du luxe! », comme disait Flambeau.
- Exactement : vous en faites toujours un peu plus qu’il ne faut ! Ainsi, je n’ai jamais eu un « Grand oblique » aussi développé.
- Je vous assure que si.
- Pas à ce point ?
- Un grand oblique qu'un jeune athlète athénien vous eût envié!
- Vraiment ? - Dit-elle flattée et en rougissant un peu.

- Tiens ! Mais ne serait-ce pas là le portrait avantageux de ce SCRIPT DOCTOR auquel vous aviez envoyé un « SOS » alors que vous enlisiez tout seul dans votre histoire de « Luger » maudit ?
- Exactement ! Il s’agit bien de Richard D. Nolane lui-même.
- Seigneur ! Savait-il qu’il finirait ainsi, dans la peau d’un RED-NECK du Kansas, ce genre de bled, et qui attend, dans sa vieille ferme isolée du monde civilisé, le badaud égaré pour lui faire subir toutes sortes de mauvais traitements ? Avant de l’occire proprement et l’enterrer sous son poulailler ?
- Exact ! Une sorte de serial-killer : un emploi pour lequel une de ses activités éditoriales lui donnait une grande science…
- Une vieille connaissance, de toutes façons…
- Je crois que nous nous sommes rencontrés durant un Festival de Bandes Dessinés qui se déroulait dans cette épouvantable ville, Aix-en-Provence : c’était au tout début des années quatre vingt…
- Bien que beaucoup d’eau soit passée sous le Pont Mirabeau, je me souviens que nous avions rencontré toute la Bande d’Aix : Claude Ecken, Paul Glaudel et un jeune homme promis à un immense avenir mais connu alors sous le nom de Christophe P*.
- Couvert aujourd’hui d’honneurs et son auguste front ceint de lauriers sous le pseudonyme de Arleston. Mais c’est une autre histoire, celle d’une réussite éblouissante!
- Qu’insinuez-vous ? Parti de rien, je suis arrivé nulle part : mais tout seul, rien qu’à la force du poignet !
- Admirable !

- Votre égarement était tel que vous aviez même apprit le langage viking !
- Vous exagérez ! J’avais seulement acheté des ouvrages sur les runes afin de pouvoir graver une maxime dans l’acier du Lüger.
- Car ce dernier résultait, en partie, de la fonte d’une ancienne épée ayant appartenue à un guerrier berseker…
- Du coup, le Parabellum avait hérité des méchantes vertus de cette lame. L’une d'entre elles était de se repaître de l’âme de ses victimes…
- D’où l’un des titres intermédiaires : « LAME FATALE ».
- Qui est en même temps un clin d’œil à la tétralogie « L’Arme Fatale ».
- Vous êtes un garçon compliqué dont beaucoup d’astuces tombent à plat ! Et que voulait dire l’inscription gravée sur le Lüger et dans l’alphabet runique ?
- Ça, je m’en souviens plus. Pour autant que cela ait jamais eu une signification !

- Je me souviens de la folie qui s'était emparée de vous. Vous aviez construit toutes sortes de maquettes au 1/32ème, de Flying Fortress, de Messersmith 262, de chars TIGRE ou SHERMAN, acheté un saxophone ténor et une trompette, écumé les anciennes casses militaires, fréquenté les salons d'armes anciennes. La bibliothèque se remplissait d’ouvrages sur le Syndicat du Crime aux USA, le McCarthisme, la Guerre Froide, le jazz West-Coast, la guerre aérienne au-dessus de l'Allemagne nazie, le raid sur Dresde, les faits étranges collectés par Charles Fort ou plus fada encore, les histoires de VIKINGS et les légendes nordiques… J’en oublie certainement et des meilleurs. Plus rien d’autre que cette damnée histoire n’existait ou bien n’avait de place dans votre vie… La seule économie que vous ayez faite, c’est de vous prendre comme premier rôle masculin. Tiens ! Votre jeu avait gagné en sobriété !

- Bon: Johnnie prend le premier train : mais pour quelle destination ?
- Ma foi, j’imagine que l’on s’en fiche pas mal…
- En fait, oui ! Mais dans la version originale, de train à vapeur en cargo-mixte (C’est à dire mi-marchandises, mi-passagers !), d’hydravion en caboteur, il se retrouvait dans la presqu’ile du Yucatan…
- Où il faisait la connaissance de Bédélia.
- Un rôle que vous m’aviez confié et qui a donc été supprimé au montage. Un peu comme celui de Kevin Costner dans « The Big Chill » ? Mais j’imagine qu’il n’y a même pas de plans montrant mes fines bottines dont on lasserait, non sans un certain fétichisme, les lacets, ni un beau chemisier en dentelles de Calais dont on refermerait amoureusement les boutons en nacre ?
- Je crains que non. Mais vous verrez : dans « La Meilleure Façon de Tuer son Prochain », vous avez le premier rôle féminin…
- Ah! Je n'en étais, personnellement, pas informée! Vous avez l’intention de faire encore mieux que Roger Corman en matière de récupération des chutes ?... Vous ne dites rien? Passons : que devient alors Johnnie puisque, jamais, il me rencontre !
- Il se retrouve dans une île de la Jamaïque où il devient musicien dans une formation de « SON » !
- Oh ! C’est compliqué le « SON ».
- Très ! Du coup cela sera sous-entendu et l’on imaginera que les cris des mouettes: THE END.
- Pas un mot de trop: parfait! Mais ne seraient-ce pas plutôt des cormorans ?
- C’est pas pareil ?
- Misérable!

lundi 12 septembre 2011


- J’ai, par exemple, supprimé une scène de luxure que, sur un coup de folie j’avais outrageusement développée. Mea Culpa. C’est une faute qui procède entièrement de moi-même et, quand ce pauvre Nolane a ouvert le livre, il avait été proprement scandalisé : « M’enfin ! - S’était-il exclamé - Ce n’était pas dans le script, encore moins dans « Luger et Paix » ! Attends que M* (l’éditeur d’alors) découvre cette scandaleuse initiative de ta part. Par Cthulhu! Je vois soudain l’horizon se couvrirent de noirs nuages. Peut-être même l’exil, très loin.» Une prédiction si juste que la semaine suivante l’ouvrage était dans les bacs de soldes et que lui-même déménagea pour le Québec… Oui ?... Non : pas de texte ! Craignez-vous que le sens de cette scène échappe à certains ? Simplement cette phrase, sur l’image deux : « C’est l’esprit vide mais les poches pleines que je sortis dans l’air du petit matin… »…
- Et pour le titre : ce sera « Lame Damnée » ou « Luger et Paix » ?
- Le HIC, pour le second, c’est que si l’on prononce LUGÈRE, cela ne veut plus rien dire.
- Pour que sens de la plaisanterie soit compris, il faut dire : LUGUERE…
- ET PAIX ! Dostoïevski ?
- Pfff: Tolstoï !

- Vous avez ramené l'album à un quatre-vingt quatre pages: c’est cela ?
- Oui. Rappelons que l'album, de vicissitudes en changements de propriétaires (Les Humanos finirent en les mains d’un consortium suisse), ne fut jamais achevé. Et du coup, j’ai ramené l’intrigue à l’épisode parisien. A la fin et après un GUN FIGHT dans un entrepôt du côté des Halles aux Vins de Bercy (ne cherchez pas : les tracto-pelles sont aussi passés par là), le personnage principal, Johnnie, rentrait chez lui et trouvait…
- Sa copine Connie, la fille de la couverture:
Mais, sur le corsag' blanc,
Juste à la plac' du cœur,
Y avait trois goutt's de sang
Qui faisaient comm' un' fleur :
Comm' un p'tit coqu'licot, mon âme !
Un tout p'tit coqu'licot.
- Dans l’histoire, le petit coquelicot se trouvait plutôt sur la tempe… La question est : un texte est-il nécessaire ? Johnnie peut-il laisser le Luger dans l’entrepôt (où quelqu’un d’autre, et pour son malheur, le ramassera), revenir chez lui, trouver la môme Connie, avec son coquelicot dans la tête, et dire simplement : « Le climat devenait carrément mortifère : il était temps de changer d’air ! »
- Et il prend le premier train... Mais comment avez-vous réduit ce livre à 84 pages ?

- Oh, mais je la reconnais: c'est Èv...
- Pas de noms, s'il vous plait!
- Soit! Quoi qu'il en soit, elle jouait le rôle de Connie, une férue de faits étranges ou inexpliqués. Mais rappelez-moi comment vous était venu l'idée de mettre en scène un « Luger » ?
- C’était durant un Salon-Bourse d’Armes Anciennes : une sorte d’obligation professionnelle et à des fins documentaires. Car, si l’on fait dans le ROMAN NOIR, une grande science des flingues ou des calibres de tous poils est indispensable. Ainsi, je me promenais dans les allées de cette Bourse aux Armes et tombai sur un Luger très rare. C'était en effet un des premiers modèles sortis de la fabrique DWM et il était retourné en usine pour qu’on y ajoute une goupille afin de bloquer la genouillère en fin de chargeur… La finition était remarquable, rien à voir avec ceux fabriqués plus tard. Le seul truc bizarre, c’est que, sur la poignée il y avait des marques comme si l’acier avait été attaqué par un acide. « Ces marques sont très caractéristiques et c’est assurément du sang humain, très corrosif, qui les a causées: celui du soldat qui est mort en le tenant encore dans sa main… » qu’il a dit le vendeur !
- Vous êtes devenu tout blanc : c’était pas beau à voir...
- Exact ! J’ai reposé le pistolet vite fait en me disant qu’un truc pareil, ça ne pourrait que porter le guigne à tous ceux qui voulaient l’acquérir ! L’idée générale était née : celle d’un luger récupéré sur un soldat allemand tué dans les tranchées et qui passait ensuite, le parabellum, de mains en mains, semant la mort et la désolation derrière lui !
- C’était un peu le thème de Winchester 73 !
- J’avais drôlement amélioré le « PITCH » : ce P08 avait été forgé à partir d’une épée de guerrier « BERSEKER ». Mais n’embrouillons pas le lecteur avec des histoires de vikings qui combattaient tous nus. J’avais décidé de procéder par flashbacks…
- Et le problème vint du fait que, au bout de trois quatre, vous vous êtes demandé comment suivre la piste puisque les possesseurs trépassaient, par principe, les uns après les autres ! Et vous avez alors demandé l’aide d’un scénariste expérimenté : Richard D. Nolane…
- Qui eut l’idée d’une Agence spécialisée dans les objets étranges…
- Comme « Warehouse 13 » ?
- C’était bien avant ! De toutes façons, cette Agence faisait dans le genre artisanal, tendance Charles Fort !

samedi 10 septembre 2011


- Cette histoire de ciseaux vous plût tant que vous vous en êtes resservi pour la couverture d'un Hitchcock Magazine.
- Mais en couleur cette fois et avec moi-même dans le rôle du type qui espère des complaisances qui n'arriveront jamais!
- En même temps, c'était la mise en image d'un thème un peu prétentieux: « L’homme, désirant toujours un plaisir infini qui le satisfasse complètement, désire et espère toujours un objet qu’il ne peut concevoir. Ainsi l’espérance vaut mieux que le plaisir ; elle contient cette part d’indéfini que la réalité refuse. C’est la raison pour laquelle l’art préfère le désir à la jouissance : l’art devient ainsi le désir indestructible, le désir sans satiété, l’appétit sans dégoût et la vie sans Mort ».

- C’est avec le léger décalage d’une page que nous découvrons le célèbre LOGO crée, en 1956, par Raymond Loewy pour les biscuiteries Lefèvre Utile…
- Plus connues sous les initiales LU, et dont la fabrication se faisait à Nantes… Ah ! Monsieur Raymond Loewy : qui se rend compte combien cet homme fait partie du paysage de notre existence ? Car nous lui devons tant d’emblèmes : ceux de Coca-Cola et de Lucky Strike. Celui de la British Petroleum (bien connue pour ses actions en faveur de l'environnement) ou encore celui de la Shell… Mais revenons à cet écrivain agité du bocal et qui vient de s’échapper de l’asile de fous. Il médite sombrement :
« J’avais cru ceci : Quelque désir qu’aient les hommes de n' importe quel bien terrestre, il peut être complètement assouvi jusqu’à se transformer en dégoût. Excepté le désir d’acquérir un grand savoir, ce dont jamais personne ne se dégoûte. Je m’étais lancé dans les lettres comme on entre en religion. Je trouvais un certain réconfort dans l’idée qu’il existait, dans l’église de la littérature, une abside où les vrais saints sont honorés. Ces saints-là ont peu de fidèles mais ils peuvent compter sur l’indéfectible dévotion de leurs ouailles. J’étais ainsi assuré de ce triomphe quasi posthume : le clair obscur. Du coup, j’étais la proie d’un accès de mélancolie noire, ce qu’on soignait jadis avec de la musique douce et du vin léger ».
- Les concertos pour Mandolines interprétés par Claudio Scimone et arrosé par un Tavel bien frais furent de tous temps chaudement recommandés par les plus hautes autorités médicales...

Plus tard, il se retrouve sur la Côte Normande. Il se rappelle : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire: « Je m’endors.» Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait… ». Dans la vie, on peut rater beaucoup de choses, hormis le premier paragraphe d’un livre !
Mais chacun a la madeleine qu’il peut. Ainsi:
- « Le bon goût des galettes « LU » me ramenait très loin en arrière, en ces temps si cléments de mon enfance. Je me rappelais distinctement de ces jours privilégiés, baignés d’insouciance et bercés de folles rêveries. En ces jours lointains, toutes les grandes et nobles espérances me semblaient promises. En vérité, quel désastre ! Mais tout était dit et jamais ces temps bénis ne reviendraient... » pense mon auteur qui a sans doute lu Swann mais n'en a pas le style!
- Oh! Mais je me souviens de cette automobile... Nous marchions un dimanche après-midi rue Saint-Honoré, côté huitième arrondissement. Vous aviez toujours avec vous ce petit Rollei 35 et qui vous tenait lieu de bloc-notes. Vous êtes tombé en arrêt devant... Quel est déjà le nom de ce modèle?
- Une Chevrolet « Bel-Air ».
- ...Une « Bel-Air », voilà! Ah, si l'on compte le nombre d'apparitions qu'elle fit, on peut dire que vous avez rentabilisé le coût de la pellicule!

Bien, tout ça n’empêche pas le sentiment et il faut qu’il se motive, Charles : « Mais laisserais-je un je n’ose pas suivre un je voudrais? Allons : chevillons notre courage au cran d’arrêt et invoquons - tel Lady Macbeth - les esprits qui assistent les pensées meurtrières et que, de la tête aux pieds, ils m’emplissent de la plus atroce cruauté! »

Du coup, Charles se dit : « Avec ce genre de piquée, le genre qui cite Prévert, il convient de prendre les devants ». Car il se souvient de ce qui arriva à Tuchowsky, l’infirmier d’humeur trop flirteuse…