samedi 3 mars 2012

« Just Leave the Beretta ».


- « Bancs de REPRO », « SCANS ROTATIFS », « chambre CAMBO », stades de maturation des émulsions « Kodachrome », « Ektachrome » ou « Fuji Velvia » : quel abominable jargon ! Ne craignez-vous pas, qu’en vous exprimant ainsi, chacun finisse par penser que vous êtes plus un technicien qu’un artiste.
- Ma foi, je ne me suis jamais posé la question, me contentant de réaliser ce que j’avais à faire. Mais, puisque vous soulevez le problème : OUI, je me tiendrais plus pour un artisan que comme un artiste.
- Car vous travaillez à la commande et subissez le joug des « DEADLINES ». C’est curieux, hier soir et sur « ARTE », je regardais une émission sur Andy Wharhol. Le commentaire soulignait combien il lui avait été difficile, venant de l’ « Advertising », d’être accepté comme un authentique artiste.
- Je n'ai jamais eu de telles ambitions.
- « Le sage est celui qui connait ses limites » comme le dit Harry Callahan dans « Magnum Force »... Dites, c’est bien un Beretta que tient Gaël ?
- Absolument.
- Le même que celui de James Bond ?
- Non! Un modèle plus conséquent que celui, pour sac à main de femme, et qui donna lieu à ce dialogue légendaire:
M: Take off your jacket, Double-O Seven and give me your gun.... Yes, I thought so. This damn Beretta again. I’ve told you about this before… Armourer! You tell him - for the last time!
MAJOR BOOTHROYD: Nice and light - in a lady’s handbag. No stopping power.
M: Any comments?
JAMES BOND: I disagree sir. I’ve used a Beretta for ten years - I’ve never missed with it yet!
M: Maybe not, but it jammed on your last job and you spent six months in hospital in consequence. If you carry a Double-O number it means you’re licenced to kill not get killed. And another thing. Since I’ve been head of MI7 there’s been a 40 percent drop in Double-O operative casualties, and I want it to stay that way. You’ll carry the Walther - unless of course you’d prefer to go back to standard intelligence duties.
JAMES BOND: No sir. I would not.
M: Then from now on you carry a different gun, show him armourer.
MAJOR BOOTHROYD: Walther PPK 7.65 mil with a delivery like a brick through a plate-glass window. Takes a Brausch silencer with very little reduction in muzzle velocity - the American CIA swear by them.
M: Thank you Major Boothroyd.
MAJOR BOOTHROYD: Thank you sir. Goodnight sir.
M: Any questions Double-O Seven?
JAMES BOND: No sir.
M: Alright then. Best of luck.
JAMES BOND: Thank you sir.
M: Double-O Seven!
JAMES BOND: Sir?
M: Just Leave the Beretta.
Aujourd'hui tout le monde se moquera du calibre 7,65 car, course à l'armement oblige, les pistolets en 9mm parabellum et à grande capacité tiennent le haut du pavé: Beretta 92, Glock 17 ou Sig-Sauer SP 2022. Mais tous les vrais sportsmen bouderont ces armes de destruction massive, préférant l'élégance d’un Colt Python ou celle d'un Smith & Wesson modèle 19 ou 27.
- Tout comme les dessinateurs un peu sensibles!

« Never Twice the Same Color »


Début des années quatre vingt dix : la Révolution est en marche.
- Vraiment ? - Qu’elle demande.
- Oui. Tous les éditeurs ont envoyé leurs bancs de REPRO à la casse. Seuls quelques dessinateurs compatissants en ont hébergé un chez eux afin de leur éviter ce sort funeste.
- Mais pas vous.
- Non. Je n’ai rien vu venir.
- Du coup, vous avez été obligé de réaliser des EKTAS de tous vos dessins afin de les envoyer ensuite chez les éditeurs, lesquels ne juraient plus que par les « SCANS ROTATIFS ». Frappé par la folie des grandeurs, vous avez commencé ce travail de reproduction à la chambre 13x18.
- Une grosse « CAMBO », achetée une fortune. Puis les labos de développement ont fermé boutique et elle devint inutile. Je me suis rabattu sur le 24x36 et le « MICRO-NIKKOR »…
- Et vos couleurs ont commencées à se balader au gré des émulsions : les « Kodachrome », les « Ektachrome » ou les « Fuji Velvia ». Jamais deux fois le même résultat selon le degré de maturation des films : « Never Twice the Same Color » pour reprendre la vieille blague faite au sujet du NTSC !
- J’imagine que le « machin à retoucher les images » existait déjà. Mais, pris par le temps, les éditeurs scannaient des dizaines de diapos en même temps et les envoyaient, brutes de décoffrage, à la fabrication.
- Du coup, vos petits camarades se moquaient de vous et de vos couvertures. Ainsi ce dessin pour « La Gagne » et pour lequel Jean-François Jung avait posé mais qu’il appela toujours: « L’Homme en Bleu », suite à la dérive chromatique dans les CYANS ! Mais, dans le cas de l’illustration présentée aujourd’hui, le BLEU est bien d’origine ?
- « Sans aucun remords ».
- A ce point ?
- C’était le titre du roman : un Tom Clancy.
- Ah ? Enfin, j’imagine qu’il faut bien gagner sa vie !