lundi 6 février 2012

Le Parc Beauséjour


- Soit - dit-elle - Vous êtes très fort sur le chapitre des lignes de bus desservant la banlieue ouest et celui des lignes de métropolitain. Sauf que, dans le PLAN gravé dans votre mémoire, la ligne numéro 1 commence Pont de Neuilly et passe encore par la Place de l’Étoile !... Ah, ça, par exemple: c’est curieux ce goût que vous avez pour les objets passés de mode.
- Puisque nous sommes entre nous, je peux vous révéler qu’il y a des raisons visuelles, pratiques mêmes, expliquant ce choix. Prenons l’exemple du téléphone. Ce type…
- Vous !
- Certes mais cela n’a pas d’intérêt. Ce dernier résidant dans le fait qu’avec ce combiné, nous comprenons immédiatement qu’il téléphone. Ce qui ne serait pas le cas avec un cellulaire qui tient dans le creux de la main. Parfois je croise un quidam et je me dis : « Pauv’ timbré : il parle tout seul » avant de réaliser qu’il converse à voix haute, comme s’il était chez lui. Et je me sens soudain gêné d’entrer, tel un intrus, dans la vie de cet inconnu.
- Je comprends. De plus, sur la deuxième case, le personnage cache, avec son autre main, le bas du combiné et l’on réalise qu’il souhaite, lui, que sa conversation reste secrète.
- Voilà.
- Tiens donc: le décor de la troisième image fut filmée dans le film de Jean-François Jung. Chapitre « repérages ». Hésitant, répétant sans cesse « je crois que », à la limite du balbutiement, vous disiez sous l’œil navré du réalisateur : « Sinon, çà, ça se trouve plutôt dans la banlieue parisienne. Ça s’appelle le Parc Beauséjour et c’est sans doute quelque chose qui avait été construit dans les années trente. Il n’en reste d’ailleurs aujourd’hui plus rien… » Déjà ? Pensez-vous que les tractopelles des démolisseurs vous suivaient, pas à pas, pour effacer toute trace de votre passé ?
- Tiens, je n’y avais pas songé.
- Bah! Cela existe dans votre mémoire, c’est déjà ça. Et sur vos dessins dans lesquels il ne manque pas une tuile à ces à ces maisons en meulière. Dites : était-ce bien raisonnable de réaliser des planches pareilles dans le cadre d’une bande dessinée ?
- J’imagine que c’est l’époque qui voulait cela. Est-ce que Philippe Druillet, en réalisant « Les Six Voyages de Lone Sloane », ou Jean Giraud, en dessinant « La Déviation », se sont posés ce genre de question ?... Sans que je me compare, bien entendu, à de tels géants. Cependant, c'est en lisant ce grand livre (il ne fait pas moins de 30 cm sur 40) que je me suis dit: « Tiens, moi-aussi! Moi-aussi je pourrais faire de la BD! »
- Vraiment, « La Véritable Histoire du Soldat Inconnu » de Jacques Tardi: expliquez-moi ça...

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