jeudi 23 février 2012

Gérard Pignon


« L’Ile aux Dames », donc. Charles Neville, un détraqué aigri, pense que le monde de l’édition tout entier a conspiré à sa perte. Il accepte l’idée d’être un homme artistiquement fini mais souhaite cependant emporter dans l’oubli tous les responsables de sa déchéance. Ainsi Gérard Pignon qui animait chaque semaine une scandaleuse pitrerie télévisuelle. La plupart des ouvrages dont il invitait les auteurs infestaient ensuite les rayonnages des librairies. Pignon avait fait de l’art une authentique imposture ou les plumitifs vendaient plus sur leurs apparences que grâce à leurs talents littéraires. Car les vrais auteurs, arrachés à la sérénité de la retraite où sommeillent leurs écritoires, bredouillent d’incompréhensibles bribes de pensées, cloués par l’incandescence des sunlights et semblables à de majestueux oiseaux de nuit aveuglés par les phares d’une vulgaire automobile…
Pressé par son éditeur, Neville se rendit à l’enregistrement de l’émission où Pignon le déstabilisa par des questions oiseuses ou sottes. Jamais il ne put témoigner de sa grande intelligence, ni de sa finesse psychologique à nulle autre pareille. Ceux qui virent l'émission se rappellent simplement qu'il émit surtout des soupirs semblables à ceux d’un canard à l’agonie.
Vengeance !

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