dimanche 9 octobre 2011


- Et encore vous ! Je me souviens que vous vous êtes toujours mis en scène. Tout d’abord une « silhouette » de détraqué, dans « Magnum Song » puis un premier rôle, celui d’un détective sans réussite, dans « Paris-Fripon ». En même temps, nous faisions ensemble la plupart des couvertures des la collection « NéO ».
- Précisons que la complaisance ou le narcissisme n’y sont pour rien. Délaissant le seizième, nous nous sommes retrouvés à Pernes les Fontaines, sans aucune connaissance et nous avons du vivre en totale autarcie artistique.
- Dans un état proche de la servitude en ce qui me concerne, enchainant avec stoïcisme les rôles de victimes ou de femmes légères.
- C’est vrai : je manquais un peu de maturité. Puis vous étiez allée aux Beaux-Arts d’Avignon pour me trouver des modèles.
- Que n’aurais-je pas fait pour vous ? Je me demande souvent comment, à cette époque, vous avez réalisé tant de dessins, à l’arrache dirait-on aujourd’hui. Une séance de pose, sans aucune préparation, ni déguisements ou accessoires et vous aviez de quoi réaliser deux ou trois planches. Aujourd’hui, devenu perfectionniste jusqu’à la maniaquerie, vous avez refait entièrement toutes les poses avec Karyline car, au bout d’un an, vous avez convenu ensemble que vous étiez parvenu à une telle complicité que les premières séances ne valaient rien !
- Je reconnais que ça nuit gravement au rendement. Cependant, ce genre de perfectionnisme trouve parfois sa récompense : ainsi la dernière affiche, celle de Villeneuve lez Avignon, a déclenché de véritables émeutes. Étant arrivé à bout du tirage limité en moins d’une heure, puis de l’affiche tout court, les déçus et les mécontents se sont abattus dès dix-huit heures sur la Chartreuse, semblables à une nuée de corbeaux dans un champ de blé qui vient d’être moissonné. De partout, on entendait les affiches et les déclinaisons diverses que l’on arrachait des murs ou des panneaux. J’ai même surpris un type qui ouvrait mon carton à dessins pour y chouraver une reproduction !
- Une véritable consécration, quoi !... Ici, quelle est la situation ?
- Aucune, je le crains. Je voulais quitter le registre des Femmes Fatales ou des Affranchies pour représenter des jeunes femmes plus au goût du jour…

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