jeudi 26 janvier 2012

« TRAIT ANGLAIS »


Intrigué, l’auteur ouvrit la boite noire cerclée d’inox dans laquelle il remisait ses images de travail :
- Oui, dis-moi, Claeys : qu’est-ce que tu comptes faire de ce dessin ?
- Ha ? De cette petite nature morte, j'ai l'intention d'en faire une quatrième de couverture.
- De quel album ?
- « Magnum Song ». Pour les spécialistes, précisons qu'il s'agissait d'une tentative pour travailler à la manière de l'école dite du « TRAIT ANGLAIS »...
- Houlà ! Houlà ! Pas d'histoire de photogravure sur cette page: cela ennuiera tout le monde ! Et donc tu vends mes baisers ?
- Pardon ?
- Car c’est bien mon baiser que tu as reproduit sur cette image : je le reconnaitrais entre mille.
- Soit : et alors ?
- T’as pas honte ? D’autant que t’es une sorte de récidiviste.
- Qu’est-ce tu veux : faut bien vivre !
- D’accord, mais à quel prix ! D’ailleurs, on te paye combien pour faire ainsi la promotion d’un bourbon et d’un appareil photographique ?
- Hélas, et contrairement à d’autres formes artistiques, les illustrateurs ne reçoivent jamais rien de la part des entreprises et des marques dont ils représentent, souvent à la perfection, les emblèmes.
- Faut pas te laisser faire !
- Je sais pas car, en même temps, je me dis que le public risquerait de trouver cela un peu vénal.
- Ta ! Ta ! Ta ! Faut bien vivre, comme tu dis : alors combien ça vaut un baiser volé, quitte à paraître vénale ?
L'auteur s'empressa de refermer la boite à reproches.

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