vendredi 23 décembre 2011


- Zut : il est temps que j’intervienne ! - S’exclama à cet instant une voix joyeuse et aux accents encore juvéniles car, contrairement à leurs créateurs, les personnages ne vieillissent jamais.
- Ah, c’est toi : qu'est-ce tu viens faire dans mon histoire ?
- C’est qu’il s’agit de plus en plus de la mienne, d’histoire, dont tu causes.
- Bah: personne ne croit un mot de ce que j’écris.
- Néanmoins, j’envisageais de te demander de partager avec moi les droits d’auteur car, il faut bien le reconnaître, ton univers me doit presque tout.
- Tu exagères ton importance.
- Nous nous sommes bien rencontrés dans un cabaret où je travaillais, près de l’Opéra ?
- Je ne me souviens même plus de son nom, à ce cabaret-là. Et puis, je ne t’ai jamais demandé de jouer les Antiope: c’est une pure invention de ma part. La preuve, je ne savais même pas qui c’était, Antiope ! Quant aux droits d’auteurs, je te donne volontiers le nom de deux de mes éditeurs. Peut-être seront-ils plus sensibles à tes arguments...
- Hum… Je ne suis pas certaine que cela vaille la peine d’entamer une procédure.
- C’est exactement leur raisonnement et ils en profitent ! Maintenant, et si tu le permets, j’aimerais reprendre mon histoire car j’en arrivais à « Paris-Fripon ».
- « Paris-Fripon » ? Mais j’en étais : je jouais le rôle d’une danseuse de cabaret. Mademoiselle Mimi ou mademoiselle Lulu, ça dépendait des clients. Dans une scène, Mimi ou Lulu, déplorait auprès du Ministre de la Culture Jean-Léon Jérôme (un inconditionnel de Terpsichore lui aussi), le manque de considération dont témoignaient les plus hautes autorités à l’égard de son art et en lui refusant, malgré tout son dévouement, les « Palmes Académiques ». Lesquelles étaient réservées aux étoiles de l’Opéra, « de vraies artistes, elles » - Ajoutait le maladroit (doublé d’un ingrat ).
Lulu ou Mimi : Ah ! Parce que moi, je n'en suis pas une, d'artiste: c’est ça ?
Jean-Léon Jérôme : Si tu veux la vérité au sujet de tes prestations scéniques, c’est NON ! Le ministère n’est pas prêt à reconnaître pleinement les vertus artistiques des danseuses de cabaret !
Lulu ou Mimi : Et qu’est-ce que j’ai de moins que les autres ?
Jean-Léon Jérôme : Je ne sais pas : quelques centimètres carrés de tissu en moins...

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