vendredi 23 décembre 2011


- Avant de rompre avec les éditions Casterman, vous aviez réalisé une histoire d’écrivain assassin, cela pour un numéro spécial de (A SUIVRE) célébrant les noces du POLAR et de la BD.
- C’est durant l’été 1981 que je demandais à plusieurs écrivains de me servir de modèles pour les différents personnages de cette nouvelle.
- Et ils ont tous accepté ?
- Étrangement oui. Je devais être très convaincant ou bien je croyais en moi. En tous cas, c’est par une fin d’après-midi ensoleillée qu'aux limites de la Beauce, je descendis en gare de Dourdan et que je gagnai une belle propriété : est-ce celle de l’ancien bottier de Napoléon III ou un truc de ce genre, mon souvenir est confus à ce sujet. Mais, ce qui est certain, c’est que je n’en retrouverais jamais le chemin. Whatever. Dans la fiction, cela devint :
« C’est dans la douce lumière d’une fin d’après-midi que je descendis en gare de D*, petit bourg du Hurepoix où résidait celui qui était en tête de liste sur mon petit carnet noir…
La villa de Gaston Vermillard fleurait bon le sirop en cette saison consacrée aux confitures ménagères. Le visage empourpré par la chaleur des fourneaux, mon ancien éditeur sortit faire quelques pas.
Je n’éprouve généralement aucune sympathie pour les éditeurs : ceux-ci souffrent d’un sentiment de persécution qui les entraîne à penser que Dieu ne créa les auteurs que pour en faire leurs ennemis naturels.
Pourtant, je m’étais attaché à Vermillard dont la chaleureuse bonhomie avait su faire fondre les glaces de ma réserve.
Sa trahison en fut d’autant plus cruelle… »
- C’est très curieux que vous ayez écrit, au bord d’une belle piscine au pied du Mont Ventoux et en pleine gloire, le récit d’un artiste fini.
- Ce que c’est que l’imagination ! Par contre, je n’aurais jamais imaginé, adolescent qui hantait les cinémas de quartier de Puteaux où j’étais alors exilé et où les démolisseurs s’en donnaient à cœur joie, c’est qu’en voyant « Adieu l’Ami », c’est que je mettrais un jour en scène son réalisateur, Jean Herman !

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