vendredi 23 décembre 2011


- Vous dites : « Je me souviens d’un temps où trouver des modèles faisait dans le genre fastoche. La procédure était simple : j’alpaguais tous ceux qui avaient la mauvaise idée de s’approcher de mon STUDIO ! »
- Le piège fonctionnait d’autant mieux que, auréolé d’une petite notoriété, je recevais beaucoup ! Et ces visiteurs étaient ravis de devenir des personnages de romans noirs. J’avais, en plus, un aplomb phénoménal et je m’autorisais toutes les audaces: ainsi, pour camper cet homme au chapeau rond et qui erre sans trop savoir pourquoi dans les allées du Père Lachaise, j’avais demandé à un vrai comédien de tenir le rôle. Un qui jouait à l’Opéra. Celui d’Avignon, ce très beau théâtre à l'Italienne. Des amis communs nous avaient présentés. Et c’est horrible : je ne me rappelle rien de la pièce : ni du nom de celle-ci, ni même s’il s’agissait d’un vaudeville, d’un drame ou d’une comédie musicale. Je me demande parfois s’il n’y a pas quelque chose d’effroyablement inconvenant dans le fait de considérer la vie comme une espèce de théâtre dans lequel on peut puiser des personnages ou des situations. De se dire, en rencontrant quelqu’un : « Oh, tiens: il ferait un bel assassin, celui-là ! ». Ou alors, en croisant une jeune femme callipyge: « Celle-ci semble née pour tenir le rôle d'une Antiope : Jupiter lui-même vous le dirait ! »
- Disons, pour conclure ce chapitre, qu’il est des crimes plus grands et, qu'après tout, comme le chante Barbara: « si la photo est bonne… » Mais il y a une chose qui me chiffonne : si vous êtes moins convaincant aujourd’hui, par exemple à convaincre un éditeur à publier votre pavé de 120 pages, est-ce parce que vous ne croyez plus en vous ? L’âge, peut-être ?
- Savez-vous ce que disait John Barrymore ?
- L’acteur ?
- Qui d’autre ? « Un homme n'est vieux que lorsque ses regrets prennent la place de ses rêves… »
- Touchée*!

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