mercredi 23 février 2011

... Et la confusion des sentiments.


- Ce pauvre vieux Dante Gabriel était effondré.
- Il se reprochait sa vilaine attitude envers Lizzie ?
- Pas du tout, qu’allez-vous imaginer ? Non, il était amoureux ! L’objet de toutes ses complaisances était dorénavant l’épouse de son meilleur pote : William Morris …
- Jane ? Mince alors ! Et Morris, il disait rien ?
- Non : un bon bougre trop occupé à toucher à tout : tour à tour dessinateur, poète, romancier ou traducteur !
- Aie ! De son côté, Dante Gabriel savait y faire avec les femmes : surtout celles des autres ! Il se dit qu’une suite poétique dédiée à Jane serait du meilleur effet sur elle et l’attacherait à lui pour la vie…
- Hélas, les carnets contenant tous ses poèmes reposaient six pieds sous terre, entre les bras de Lizzie !
- Il s’était tout de suite rendu compte qu’il avait commis une belle connerie! Mais rien n’est irréparable ! Il chargea son agent d’exhumer le cercueil de Lizzie du tombeau familial des Rossetti. Dans la nuit du 5 Octobre 1869, à la lueur vacillante de torches, le factotum s’adonna à la profanation de sépulture dans le cimetière de Highgate. Miracle! Le corps d’Elizabeth Siddal était parfaitement conservé et ses cheveux avaient même si bien poussés qu’ils enserraient le recueil ! Howell dut jouer du ciseau pour le libérer. Il désinfecta ensuite chaque page, les fit sécher avec soin et remit le tout à Dante Gabriel qui le fit vite publier. Le livre connut un grand succès. Mais Rossetti était désormais la proie d’une mystérieuse langueur de l’âme. Il entreprit de la combattre à doses massives d’hydrate de chloral, nouvelle médication dont on devenait rapidement accro. Et Jane Morris se lassa de sa liaison érotico-artistique avec un junkie. Pleine de remord, elle réintégra le domicile conjugal où son mari l’accueillit avec sa complaisance naturelle. Rossetti partit, de son côté, en cure thermale à Birchington-on-sea, dans le Kent. Ce qui lui fut fatal...
- C’est bonne justice! Il nous faut tirer une morale de cette histoire: toute jeune femme qui épouse un artiste devrait exiger un contrat de mariage et y faire impérativement ajouter un appendice.
- Ah ? Et lequel s’il vous plait !

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