jeudi 17 février 2011

« Entrée des Artistes »


- Vous rappelez-vous de la première fois où, profitant de la situation et me prenant pour ainsi dire en otage, vous me fîtes interpréter un de vos personnages ?
- Là, et pour ainsi dire à brûle-pourpoint, non ! Mais cela va me revenir…
- Je vais vous aider, nous gagnerons du temps ! C’était pour une couverture de la toute jeune collection « Le miroir obscur » : « A MORT L’AN NEUF », de Patrick Quentin…
- Mince alors ! On dirait une strangulation...
- Tels furent mes débuts sur scène!
- Pour jouer un rôle si délicat, pouvais-je mieux placer ma confiance qu’en vous?
- Pour m’amadouer, vous m’aviez cité cette tirade dite par Louis Jouvet dans « Entrée des Artistes » où il tient le rôle d'un professeur de conservatoire dramatique : « Le théâtre est fait de toutes les joies du monde. Rien n’est faux. Il suffit d’avoir un peu la foi et tout devient réel : les larmes imaginaires et les serments de mascarade. Comme moi, vous vivrez plusieurs existences passionnantes et compliquées, pathétiques et cocasses. Croyez-moi, c’est quand le rideau se lève que votre vie commence. Il ne tient qu’à vous qu’elle continue le rideau baissé : Il suffit, après avoir cru en vos personnages, de croire un peu en vous ». Servez-vous toujours, à vos victimes, le même boniment ?
- Quelle idée !
- En tous cas, ce fut le début d’une longue suite de maltraitances et j’ai été bête de me laisser faire : j’aurais du me plaindre, auprès du puissant Syndicat des Modèles, de tous les mauvais traitements que, durant dix ans, vous m’avez infligés !

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