vendredi 12 août 2011

Scrooge


Mais il nous faut revenir sur les raisons qui conduisirent Miss Plunkett à ce séjour dans les murs de la Fondation.
« Comme chacun sait, les fils de la perfide Albion éclairent essentiellement l’univers par leur science du gazon et leur étonnant élevage d’originaux en tous genres.
Dans ce dernier domaine, Scrooge avait longtemps tenu le haut du pavé dans le périmètre de Charing cross.
Sa librairie d’anciens et de curiosité était hantée par les fidèles de petites chapelles perpendiculaires à la grande abside de la littérature. Pas un jour ne passait sans qu’un amateur éclairé, outrageusement éconduit par un cerbère du British muséum, ne demande, à voix basse, un exemplaire du Nécronomicon de Abdul Al-Hazred.
Puis un mystérieux rhumatisme de l’âme contraignit Scrooge à s'exiler sous un climat moins prodigue en apparitions ectoplasmiques mais plus favorable aux êtres souffrant d’une infernale effervescence de la cervelle. Du moins, le croyait-on.
C’est ainsi que Scrooge débarqua à Cavaillon, précédé d’une longue théorie de containers enfermant une collection que lui enviait la bibliothèque de l’université Miskatonic d’Arkham.
Avant le grand saut, Scrooge avait recruté une assistante, Miss Phyllis Plunkett, pour laquelle il n’avait ni goût, ni confiance mais dont la délicieuse apparence gagnerait assurément la sympathie des indigènes.
Phyllis maîtrisait, par ailleurs, admirablement le français ainsi que le dialecte local, ce qui faciliterait le commerce avec une population avec laquelle l’Anglais, lui-même, n’entendait entretenir nulle autre relation que commerciale.
Cette morgue tellement britannique n’ aida en rien la prospérité de sa librairie “The Weird Sisters” et les quelques malheureux qui y entrèrent pour demander une carte de I.G.N ou bien une carte postale représentant la chapelle de la colline saint Jacques, claquaient bien vite la porte en une affirmant que jamais ils n’achèteraient les 37 volumes constituant « L’ histoire naturelle » de Pline l’ancien…

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